Le champion du monde Cheick Cissé, symbole du succès du taekwondo en Côte d’Ivoire
Avec 254 clubs et 40 000 élèves, cet art martial sud-coréen est le deuxième sport le plus pratiqué dans le pays, après le football.
par un fait ordinaire. Le père du champion, Abdelkader Cissé, lui fait découvrir les arts martiaux, en commençant par le karaté : « Je voulais qu’il gère mieux son stress », raconte-t-il. Formé « comme tous les champions » au centre d’entraînement de Koumassi, à Abidjan, Cheick Cissé « est arrivé à 10 ou 11 ans à peine », se souvient son premier entraîneur de taekwondo, Christian Kragbé. « Je savais que c’était quelque chose qui était fait pour moi », affirme le champion du monde, mais « je n’ai jamais pensé que ça allait être professionnel ».
Né à Bouaké (centre) dans une famille modeste, « il s’entraîne dans des conditions très difficiles, parfois sur le sol nu », se rappelle Christian Kragbé : « Ici on a les hommes, mais en termes d’équipement, de matériel, on n’est pas logés à la même enseigne » que les pays occidentaux. « Rien ne m’a été donné », affirme Cheick Cissé, 29 ans, lorsqu’il se remémore son « parcours du combattant » : « On a essayé de forcer le destin par les entraînements, par la volonté. Quand on a vécu ce genre de situation, ça ajoute quelque chose au mental », qui devient « costaud ». « On ne baisse pas facilement les bras », assure-t-il.
Objectif Paris 2024
Son ancien entraîneur n’hésite pas à dire qu’il est « le prototype d’athlète » que tout coach voudrait avoir : « Il aime l’entraînement », a « une bonne base technique » et « ne triche pas ». « Tout ce qu’il fait, il le fait pleinement. C’est quelqu’un qui a le cœur sur la main, il partage beaucoup », souligne-t-il, précisant que le champion a fait un don de 32 millions de francs CFA (48 900 euros) à la fédération.
Depuis l’introduction du taekwondo en Côte d’Ivoire par le maître sud-coréen Kim Young Tae, en 1968, le nombre d’adeptes ne cesse de croître. « Parmi les premiers élèves qu’il a eus, il y avait des autorités ivoiriennes, dont le général Gaston Ouassénan Koné », ancien ministre dans plusieurs gouvernements, explique Christian Kragbé. Cet engouement des élites a donné de la visibilité à la discipline, qui compte aujourd’hui 254 clubs et 40 000 élèves âgés de 4 à 80 ans, selon l’entraîneur : « Nous sommes la deuxième fédération après le football en termes de licenciés. Les clubs se remplissent parce qu’une médaille olympique, c’est un exemple à suivre. »
De passage à Abidjan en juin, Cheick Cissé, qui vit désormais à Palma de Majorque (Espagne), comme plusieurs champions de taekwondo, enchaîne les cérémonies officielles et comprend que son pays compte sur lui. « Le président Alassane Ouattara m’a chargé de parler à la jeunesse », déclare-t-il après une entrevue avec le vice-président ivoirien, Tiémoko Meyliet Koné. Sa vision de la réussite sportive est collective : « Il me fallait aller chercher cette médaille afin d’inspirer mes jeunes. » La prochaine étape ? « C’est d’abord de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris 2024 », dit Cheick Cissé, ajoutant : « Et pourquoi pas d’aller chercher la plus belle des médailles pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique. »
Sf-infos avec AFP