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Italie : Le gouvernement de Giorgia Meloni souhaite-t-il faire passer la retraite à 70 ans ?

Le ministre italien de la fonction publique a émis l’hypothèse de faire travailler certains fonctionnaires jusqu’à 70 ans sur la base du volontariat. Une hypothèse qui a été parfois déformée sur les réseaux sociaux français.

où plusieurs organisations politiques françaises militent pour un retour sur la réforme des retraites de 2023, l’Italie avance-t-elle vers la retraite à 70 ans ? Sur les réseaux sociaux, plusieurs responsables politiques français ont posté des messages l’affirmant, comme la députée insoumise Clémence Guetté, qui s’est indignée : «L’extrême droite italienne veut la retraite à 70 ans. En campagne, Meloni promettait tout autre chose. Extrême droite et néolibéralisme marchent toujours ensemble.»

Le tweet de la députée LFI s’appuie sur un article de BFM annonçant : «Italie, le ministre de l’économie souhaite la retraite à 70 ans». En image, une capture d’écran de la chaîne d’infos en continu laisse apparaître ce bandeau «Retraites : l’Italie passe à 70 ans !»

Manuel Bompard, également député LFI, a posté un message similaire : «En Italie, une fois au pouvoir, les amis de Le Pen et Bardella veulent la retraite à 70 ans.»

Dans l’autre camp politique, Aurélien Véron, membre du conseil municipal de Paris, a aussi relayé : «Le ministre de l’économie italien annonce vouloir fixer l’âge de départ à la retraite à 70 ans En Allemagne, on réfléchir à repousser ce seuil de 67 à 71 ans… Principe de réalité financière & démographique : faites des enfants !»

Si elles se basent sur un fond de vrai, ces déclarations sont trompeuses. Dans une interview au Corriere della Serra, le 9 septembre, le ministre de la Fonction publique, Giovanni Zangrillo, a expliqué qu’il souhaitait rendre l’administration plus efficace en engageant 350 000 jeunes employés, mais aussi en gardant ses professionnels les plus expérimentés, à condition qu’ils soient volontaires. Dans cet entretien, le ministre propose plusieurs mesures pour répondre aux défis de la gestion des ressources humaines dans le secteur public, notamment en raison du vieillissement de la population active et des difficultés à recruter dans les disciplines STEM (science, technologie, ingénierie, mathématiques).

Ce qui l’a conduit à réfléchir au «report de l’âge de la retraite». Interrogé sur cette idée, le ministre explique que «tout d’abord, je voudrais rappeler que les employés du secteur de la sécurité et de la défense partent à la retraite à 60 ans, tandis que tous les autres partent à 65 ans avec au moins 42 ans et je ne sais plus combien de mois de cotisations, ou à 67 ans. Lors de l’élaboration du plan budgétaire à moyen terme sur sept ans, qui sera inclus dans la prochaine loi de finances, nous avons discuté avec le ministre de l’économie Giancarlo Giorgetti de la possibilité d’approfondir l’opportunité de maintenir les personnes en service jusqu’à l’âge de 70 ans. C’est justement parce que nous embauchons un nombre très important de personnes et beaucoup de jeunes.»

Et d’expliquer que la proposition s’appliquerait aux «administrations, y compris décentralisées, qui considèrent comme un levier de gestion important le maintien au travail d’un certain nombre d’employés jusqu’à l’âge de 70 ans en pourcentage du turnover [le taux de renouvellement du personnel d’une entreprise ; ndlr]. Sur une base volontaire». Selon le ministre, cela devrait concerner environ 10 % des départs annuels en fonction du renouvellement du personnel dans la fonction publique.

A ce stade, aucune proposition générale d’augmentation de l’âge de la retraite à 70 ans n’a été formulée pour l’ensemble des Italiens, ni même donc pour les fonctionnaires. Le projet, en cours d’étude par le ministère de l’administration publique en consultation avec le ministère de l’Economie, concernerait donc les fonctionnaires volontaires. Suffisant en revanche pour susciter l’opposition des principaux syndicats, comme le rapporte ‘Agence de presse italienne ANSA.

Le patron de la Confédération générale italienne du travail (CGIL), Maurizio Landini, qualifiant l’hypothèse de «folie».

Cette proposition intervient alors que le gouvernement italien, face aux difficultés budgétaires, a tourné dos à la promesse de campagne de Meloni réformer le système des retraites en instaurant un régime appelé «quota 41», ouvrant la possibilité d’un départ d’activité avec 41 annuités de cotisations, et ce sans tenir compte de l’âge.