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Qui est Macky Sall ?

Le Président Sall a tranché, et ne participera pas à l’élection présidentielle de 2024? invoquant un « code d’honneur » même si, selon lui, la constitution lui accorde le droit de se présenter pour « un second quinquennat. » A la tête de la République du Sénégal depuis plus de 11 ans, le chef de l’Etat sénégalais aura gardé le suspense pendant plusieurs mois sur sa décision de participer ou non à la présidentielle de février 2024.

Sa vie

Formé à l’Institut des Sciences de la Terre (IST) de Dakar et diplômé de l’École Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs (ENSPM) de l’Institut Français du Pétrole (IFP) de Paris, Macky Sall devient ingénieur géologue puis géophysicien. Né le 11 décembre 1961 à Fatick, dont il fut maire de 2009 à 2012, il a gravi les échelons de l’appareil d’Etat pour se hisser au sommet.

Ses débuts en politique

Le président sénégalais fait son entrée en politique dans les années 1980 où il rallie le mouvement marxiste-léniniste And-Jëf. Il s’en éloigne rapidement. Le militant de la gauche se reconverti au libéralisme avec son adhésion au Parti Démocratique Sénégalais, PDS, fondé par Abdoulaye Wade.

L’ancien avocat remarque très vite le jeune leader de son parti.

En Décembre 2000, Macky devient directeur général de la Société des pétroles du Sénégal (PETROSEN) après plusieurs années au poste de chef de la division Banque de données et conseiller spécial auprès du Président de la République, chargé de l’Énergie et des Mines.

En mai 2001 il est nommé ministre des mines, de l’Industrie et de l’Hydraulique. C’est le début d’une rapide ascension politique.

Carrière politique

Ministre d’État, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, porte-parole du gouvernement, Premier ministre puis président de l’Assemblée nationale, Macky a occupé presque tous les postes au sommet de l’Etat.

Nommé Premier Ministre le 21 avril 2004, il aura passé 03 ans à la tête du gouvernement avant de conduire la campagne pour la réélection du Président Abdoulaye en 2007.

Avec 143 voix sur 146, Macky Sall est élu le 20 juin 2007 à la présidence de l’Assemblée nationale. Mais brusquement son cheminement avec le Président Abdoulaye Wade prend une mauvaise tournure.

Il avait décidé de convoquer son fils Karim Wade à l’Assemblée nationale pour une audition sur les travaux de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique.

Face à son refus de démissionner, son poste de numéro 2 du PDS est supprimé, le mandat du Président de l’Assemblée nationale réduit de cinq à un an.

Le 9 novembre 2008, Macky Sall claque la porte au PDS et démissionne de tous les mandats électifs acquis sous la bannière du parti au pouvoir. Mois d’un mois plus tard, il crée, avec une trentaine de cadres du PDS, l’Alliance Pour la République, APR.

Commence alors pour le natif de Fatick une «longue marche» dans les régions les plus reculées du pays, avec en ligne de mire la présidentielle de 2012. Celui qui n’a jamais pensé être président de la République nourrit désormais des ambitions.

« Lorsque je suis entré en politique, je n’avais pas pour ambition d’être président de la République. Cette ambition, je l’ai eue lorsqu’on m’a imposé un combat à l’Assemblée nationale. Même étant Premier ministre, je n’y pensais pas », disait-il lors d’un forum sur la citoyenneté en 2017.

Candidat de la coalition « Macky 2012 », il mène campagne à travers le pays sans couper avec le mouvement d’opposition du 23-Juin (M23). Il arrive en deuxième position du premier tour, avec 26,58 % des voix contre 34,81 % au président sortant.

Dans l’entre-deux-tours, il réunit tous les autres candidats battus dans la coalition Benno Bokk Yakkar (« Unis pour le même espoir » en wolof) et emporte le second tour le 25 mars avec 65,80 % des voix contre 34,20 %.

Macky Sall accède ainsi à la magistrature suprême le 2 avril 2012.

La question du « 3e mandat »

Une fois à la tête du pays, le quatrième président du Sénégal entame plusieurs réformes institutionnelles avec la création de l’Office national anticorruption et de la Commission nationale de restitution des biens et de recouvrement des avoirs mal acquis.

En 2016, une révision de la constitution de 2001 est adoptée par voie référendaire sous l’impulsion du président Sall. Il ramène le mandat présidentiel de 7 à 5 ans.

Lors de sa campagne électorale, le président Macky Sall avait promis que cette réduction s’appliquerait à son magistère. Mais le Conseil constitutionnel a donné un avis contraire. Seul son deuxième mandat sera un quinquennat.

Macky Sall a été élu pour un mandat de 7 ans en 2012 avant d’être réélu pour un nouveau mandat de 5 ans en 2019

Cet argument est aujourd’hui brandit par Macky Sall et ses proches qui affirment que le président peut bel et bien briguer un troisième mandat.

Si lors de plusieurs apparitions, le chef de l’Etat avait déclaré que son mandat en cours est le dernier qu’il briguait, sa position a changé depuis longtemps.

Lors de plusieurs rencontres avec la presse, il estime qu’il a le droit de se présenter comme candidat lors de la prochaine présidentielle prévue en 2024. Selon lui, le Conseil constitutionnel « a estimé que mon premier mandat était intangible et qu’il était hors de portée de la réforme. »

Pour lui, le débat se pose plutôt sur le terrain politique et non juridique.

Comprendre le debat autour du 3e mandat au Sénégal

Macky Sall est accusé d’empêcher son principal adversaire politique Ousmane Sonko de se présenter à l’élection présidentielle de 2024. Ce dernier a été condamné à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse dans une affaire qui l’oppose à une ex-masseuse.

Il s’agit d’une manipulation disent les opposants. Mais pour le président sénégalais, c’est une question judicaire qui n’a aucune implication politique.

Par le passé, Macky Sall avait déjà été accusé d’avoir fait emprisonner ses adversaires Khalifa Sall, alors maire de Dakar et leader de la coalition Taxawu Senegaal, et Karim Wade pour les empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2019, une accusation rejetée par la majorité présidentielle.

Ce soir du 03 juillet, le président Macky Sall a décidé d’ouvrir un nouveau chapître dans son parcours déjà exceptionnel.

Dominique K.