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Le champion du monde Cheick Cissé, symbole du succès du taekwondo en Côte d’Ivoire

Avec 254 clubs et 40 000 élèves, cet art martial sud-coréen est le deuxième sport le plus pratiqué dans le pays, après le football.

Sf-infos avec AFP « C’est la consécration d’un rêve » et « le seul titre qui manquait dans mon palmarès », déclare à l’AFP Cheick Cissé, sacré le 4 juin champion du monde de taekwondo à Bakou, en Azerbaïdjan, et symbole du succès de cet art martial sud-coréen  en Côte d’Ivoire. En plus de ce titre, trois des quatre médailles olympiques remportées par le pays l’ont été en taekwondo. En 2016 à Rio, Cheick Cissé avait remporté l’or et sa compatriote Ruth Gbagbi le bronze ; elle avait réitéré sa victoire en 2020 à Tokyo.

par un fait ordinaire. Le père du champion, Abdelkader Cissé, lui fait découvrir les arts martiaux, en commençant par le karaté : « Je voulais qu’il gère mieux son stress », raconte-t-il. Formé « comme tous les champions » au centre d’entraînement de Koumassi, à Abidjan, Cheick Cissé « est arrivé à 10 ou 11 ans à peine », se souvient son premier entraîneur de taekwondo, Christian Kragbé. « Je savais que c’était quelque chose qui était fait pour moi », affirme le champion du monde, mais « je n’ai jamais pensé que ça allait être professionnel ».

Né à Bouaké (centre) dans une famille modeste, « il s’entraîne dans des conditions très difficiles, parfois sur le sol nu », se rappelle Christian Kragbé : « Ici on a les hommes, mais en termes d’équipement, de matériel, on n’est pas logés à la même enseigne » que les pays occidentaux. « Rien ne m’a été donné », affirme Cheick Cissé, 29 ans, lorsqu’il se remémore son « parcours du combattant » : « On a essayé de forcer le destin par les entraînements, par la volonté. Quand on a vécu ce genre de situation, ça ajoute quelque chose au mental », qui devient « costaud ». « On ne baisse pas facilement les bras », assure-t-il.

Objectif Paris 2024

Son ancien entraîneur n’hésite pas à dire qu’il est « le prototype d’athlète » que tout coach voudrait avoir : « Il aime l’entraînement », a « une bonne base technique » et « ne triche pas ». « Tout ce qu’il fait, il le fait pleinement. C’est quelqu’un qui a le cœur sur la main, il partage beaucoup », souligne-t-il, précisant que le champion a fait un don de 32 millions de francs CFA (48 900 euros) à la fédération.

Depuis l’introduction du taekwondo en Côte d’Ivoire par le maître sud-coréen Kim Young Tae, en 1968, le nombre d’adeptes ne cesse de croître. « Parmi les premiers élèves qu’il a eus, il y avait des autorités ivoiriennes, dont le général Gaston Ouassénan Koné », ancien ministre dans plusieurs gouvernements, explique Christian Kragbé. Cet engouement des élites a donné de la visibilité à la discipline, qui compte aujourd’hui 254 clubs et 40 000 élèves âgés de 4 à 80 ans, selon l’entraîneur : « Nous sommes la deuxième fédération après le football en termes de licenciés. Les clubs se remplissent parce qu’une médaille olympique, c’est un exemple à suivre. »

De passage à Abidjan en juin, Cheick Cissé, qui vit désormais à Palma de Majorque (Espagne), comme plusieurs champions de taekwondo, enchaîne les cérémonies officielles et comprend que son pays compte sur lui. « Le président Alassane Ouattara m’a chargé de parler à la jeunesse », déclare-t-il après une entrevue avec le vice-président ivoirien, Tiémoko Meyliet Koné. Sa vision de la réussite sportive est collective : « Il me fallait aller chercher cette médaille afin d’inspirer mes jeunes. » La prochaine étape ? « C’est d’abord de se qualifier pour les Jeux olympiques de Paris 2024 », dit Cheick Cissé, ajoutant : « Et pourquoi pas d’aller chercher la plus belle des médailles pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique. »

Sf-infos avec AFP